Premier partenaire financier privé de l’association Les Eaux Vives dans le cadre du projet 5Ponts, c’est dans ses locaux situés à Nantes que l’association Logement Fraternité a chaleureusement accueilli Les Eaux Vives, au début du mois de septembre 2018. Ces échanges ont été l’occasion de revenir sur l’histoire de la relation tissée entre les deux organismes bien avant le lancement du projet. Rencontre sous le signe de la convivialité avec une partie du conseil d’administration de Logement Fraternité, notamment le président Guy Maillet, le vice-président François Barberet, la trésorière Sylvie Esor ainsi que Josiane Pouplard et Danièle Berthier, tous bénévoles.


Quelle est l’origine de la relation entre l’association Logement Fraternité et l’association Les Eaux Vives ? Comment avez-vous pu soutenir Les Eaux Vives ?

Logement Fraternité apporte son soutien pour le financement et l’innovation sociale aux associations et structures d’aide aux sans-abri (SDF, naufragés de la vie, du sida, de l’alcoolisme ou de la drogue) en Loire-Atlantique et en Vendée.

Avec l’association Les Eaux Vives, nous partageons une histoire forte. Jean Delavaud, le fondateur de l’association Logement Fraternité a contribué à l’ouverture, en 2008, de l’actuelle Halte de nuit 44, l’une des structures d’accueil de l’association Les Eaux Vives qui intégrera les 5Ponts. Nous sommes partis du constat que le Samu Social (115) était constamment débordé. Aujourd’hui encore, il y a un manque de places. Nous le voyons avec la Halte de Nuit 44 qui chaque soir est saturée. C’est ce nouveau constat qui a amené Jean Delavaud et François Barberet à participer à la première réflexion menée par l’association Les Eaux Vives autour du projet 5Ponts.

Nous avons également un lien fort avec le restaurant social de l’accueil de jour La Claire Fontaine. Certains bénévoles de Logement Fraternité y ont longtemps contribué par l’accueil des personnes accueillies et le service des repas.

Dès l’origine du projet, l’association Logement Fraternité s’était engagée  à participer à l’équipement de la nouvelle installation de la Halte de Nuit 44 à hauteur de 50 000 euros. Logement Fraternité collecte en moyenne 70 000 euros par an, donc il s’agit d’un engagement très important pour notre association.

Au total, ce sont 200 000 euros que nous apporterons à l’Association Les Eaux Vives grâce à un soutien extérieur, et ce, afin de soutenir l’investissement  d’équipements  du projet 5Ponts.


La Journée mondiale de refus de la misère aura lieu le 17 octobre, comment avez-vous perçu l’évolution de cette détresse au cours de la dernière décennie ?

Les publics ne sont plus les mêmes. La perception a également changé. On a d’abord parlé de « clochards » puis de sans domicile fixe. Aujourd’hui, vient s’ajouter la population de migrants dont on ne parlait pas il y a encore cinq ans. Reste la distinction entre les réfugiés et les migrants. Dès que leur demande d’asile est acceptée, les migrants deviennent des réfugiés. À Logement Fraternité, nous ne faisons pas de différence. Migrants et réfugiés sont dans une situation de transition. Malgré les difficultés, nous avons conscience que la France est un grand pays d’accueil.

 

Constatez-vous un changement au niveau de l’engagement de la part des entreprises sur votre territoire ?

Oui, effectivement, le soutien des entreprises ne se fait pas toujours de manière naturelle mais plutôt par le biais de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). C’est donc surtout dans ce cadre que nous les encourageons à devenir nos mécènes. Les entreprises ont dû s’adapter à cette volonté collective d’engagement et leurs salariés ont suivi le mouvement peut-être davantage sous la contrainte. La RSE s’appliquait, au départ, aux très grandes entreprises. Cela a concerné de plus en plus de petites et moyennes entreprises. Même si nous avons un réseau sur lequel nous appuyer, nous devons conquérir de nouveaux marchés, ce qui reste encore difficile.


Comment pensez-vous le rôle de Logement Fraternité au sein des 5Ponts après l’ouverture de la structure ?

A l’ouverture des 5Ponts, nous souhaitons pouvoir apporter notre aide et nos conseils, comme nous l’avons fait par le passé. Il y aura forcément une période de rodage et nous saurons émettre des critiques constructives.

 

Quel message avez-vous envie de transmettre aux personnes accueillies, aux salariés et aux bénévoles de nos structures ?

Nous sommes admiratifs des personnes engagées au sein de l’association Les Eaux Vives, qu’il s’agisse des salariés ou des bénévoles. Il est parfois complexe de recruter des bénévoles en raison des difficultés qui peuvent être rencontrées avec les personnes accueillies. Le bénévolat est en tension pourtant il est essentiel pour beaucoup d’associations. Celles-ci devraient davantage valoriser les bénévoles et reconnaître leur travail. Il est également difficile de déterminer le moment où il faut cesser d’apporter son aide à la personne accueillie car on ne lui rend plus service. Dans la perspective de l’inclusion, il y a une question de responsabilité et les personnes accueillies doivent apporter une contrepartie. Il ne faut pas dévaloriser la notion de travail mais bien l’encourager, les chantiers d’insertion étant une des passerelles vers le droit commun.


Interview de l’association Logement Fraternité par l’association Les Eaux Vives.